Haha, oublie-la, t’as plus de chance de te voir sortir des anges du trou de balle que de fréquenter une fille comme ça.
-Titanic

Trainer dans Fairview la nuit, restait un de mes passe-temps favoris. La nuit, tout le monde retirait son masque du parfait voisin, et chacun retournait vaquer à ses occupations plus ou moins honteuses. Pour ma part, la nuit je rentrais m’occuper de ma mère, droguée jusqu’à la moelle. Je me gardais bien de parler de ma mère à ceux qui nous entourait. Mais le problème quand on vivait dans un quartier tel que Wisteria Lane, c’est que rien ne restait indéfiniment caché. Quand ma mère sortait et se montrait avec ses cernes noirs, son air hagard et son cerveau débranché… il n’avait pas fallu très longtemps pour que tout le monde comprenne de quoi il en retournait. Tout ce que je demandais, c’était qu’elle tienne sa langue sur le reste. Mais j’avais peur que ce soit trop demandé à ma mère…
J’étais donc en train de déambuler dans les rues. J’avais réussi à trouver un bar qui ne m’avait pas demandé mon âge, avant de me servir. Je regardais mon portable, il était maintenant vingt-trois heures et j’avais assez bu pour trois filles du même gabarit que moi. Un petit sourire incontrôlé se dessinait sur mes lèvres.
Je rentrais doucement chez moi, la seule chose que je voulais vraiment, c’était me coucher et dormir, pour en pas avoir à me réveiller avant au moins vingt-quatre heures. Mais ça allait être impossible, je le savais d’avance.
J’entendis une voiture s’arrêter peu à peu à mes cotés. Mon sang ne fit qu’un tour. Habituée aux rues de Brooklyn, je savais ce qui pouvait arriver à une fille seule, la nuit. Je gardais les yeux fixé sur ma trajectoire. Mais la tentation de regarder qui se trouvait dans la voiture était trop tentante. Je croisais des yeux bleus que j’aurais préféré éviter, surtout aux vues de l’état dans lequel j’étais. Pourquoi ? Pourquoi toi ? «Monte. » Ce n’était visiblement pas le moment de discuter. Je reconnaissais dans la voix et le regard de Shane que je n’avais pas d’autre option que de monter dans sa voiture. Je m’exécutais donc, restant le plus silencieuse possible. Assise à coté de lui, j’essayais de ne ressentir aucune émotion, ce qui était clairement impossible, vu la distance très mince qui me séparait de Shane et des souvenirs que je pouvais avoir avec lui… Je fixais la route, sentant son regard sur moi. «Qu'est-ce que tu fais ici à une heure pareille ? Seule, en plus. »
Je me tournais vers lui. Le fixant de mes yeux bleus. « Qui t’es pour me faire la morale ? Je fais encore ce que je veux. J’ai aucun compte à te rendre. » J’étais incapable de m’exprimer. Et encore moi capable d’avouer que j’étais bien, à cette minute précise, avec lui j’étais bien. Je regardais pas la vitre. « Tu peux me déposer chez moi, s’il te plait ? » Ce n’était pas vraiment une question finalement…
Merde, est-ce que je sentais l'alcool ? Il allait me tuer.

&
Mish.Mish - Datura
Hanna Mary Parker & Shane Davis Boomer

• Je fixai la route, voulant à tout prix éviter de croiser son regard turquoise, son regard qui me troublait plus que je l'aurais souhaité. Si je ne la regardais pas, me disais-je, peut-être que j'arriverai à me défaire de sa présence, et à me débarrasser de la sensation qui occupait mon corps tout entier... de cette tension qui me démangeait et qui me donnait envie de lui arracher ses vêtements, de l'embrasser et de l'enlever loin de cette ville superficielle et austère. « Qui t’es pour me faire la morale ? Je fais encore ce que je veux. J’ai aucun compte à te rendre. » Mais non, même sans la regarder, le timbre de sa voix ne me laissait pas indifférent. Raté...
  La jeune femme avait raison ; qui étais-je pour lui faire la morale ? Personne en fait. Juste un mec avec qui elle avait couché il y a de cela deux mois. Et j'avais bien cerné le comportement volage de la jeune fille, j'étais persuadé de ne pas être le seul homme qui l'avait touchée... Sauf qu'elle avait dix-neuf ans, et qu'elle devait fréquenter des garçons de son âge. Des mecs aux cheveux trop longs, à la mèche tombante devant leurs yeux hagards, au look pseudo-débraillé qui croient être les rois du monde parce qu'ils ont vingt ans et qu'ils ont fumé de la marijuana. « Tu peux me déposer chez moi, s’il te plait ? » J'hochai la tête. «Bien sûr que je te dépose chez toi. Mais si tu pouvais me parler sur un ton plus agréable, ce serait sympathique. » C'est alors que la pluie se mit à tomber avec force sur la ville, dégoulinant contre le pare-brise de ma mercedes. J'allumai les essuies glaces, ajoutant ; «Après tout, là, je t'évite une pneumonie. » Grimaçant alors que l'odeur de vodka de la jeune fille parvint à mes narines, je secouai la tête d'un air réprobateur. «Ainsi qu'une probable agression. » Les rues de Fairview étaient mal fréquentées le soir, j'étais bien placé pour le savoir puisque j'y faisais des tas d'allées et venues la nuit pour mes filatures. Et une jeune femme aussi jolie qu'Hanna, qui était déjà bien trop fragile sans avoir bu un seul shot, était une proie de luxe pour les délinquants. Imaginant toutes sortes de scénarios abominables, je chassai rapidement ces sombres pensées de ma tête, remerciant le ciel de m'avoir mené à elle ce soir.

Haha, oublie-la, t’as plus de chance de te voir sortir des anges du trou de balle que de fréquenter une fille comme ça.
-Titanic

J’oscillais entre l’envie de le détester, pour avoir couché avec moi il y avait deux mois et… disparaitre ; et l’indéniable fait que j’étais heureuse, d’être là, dans sa voiture. Comment pouvais-je faire ? Qu’est-ce que je devais choisir ? Le détester ou l’apprécier ? Comment j’aurais pu le savoir… Je m’étais consolée comme je pouvais, après qu’on ait passé cette nuit ensemble, avec d’autres que lui. Mais Shane avait quelque chose en plus, que les autres n’avaient pas, et j’avais du mal définir ce que c’était. Surement ce gout d’interdit. Evidemment, même. Shane avait près de dix ans de plus que moi. Il était presqu’en âge d’être mon père. Mais je me foutais de tout ça, complètement.
Shane avait été parfait avec moi, pour la première fois, j’avais eu l’impression d’être considérée comme un véritable être humain, j’avais eu l’impression de compte. Et puis plus rien. Ca avait été bref, rapide, brutal. Une chute. Alor, je ne pouvais pas m’empêcher de me dire que l’ordre des choses voulait que je déteste Shane. Mais je n’y arrivais pas. J’arrivais à faire semblant de lui en vouloir, mais je n’arrivais pas à le ressentir vraiment…
«Bien sûr que je te dépose chez toi. Mais si tu pouvais me parler sur un ton plus agréable, ce serait sympathique. » Je ne pus m’empêcher de lever les yeux au ciel. Comment tu veux que je sois agréable ? Je continuais de fixer les rues et les lampadaires qui défilaient de l’autre coté de la vitre. Des gouttes commencèrent à brouiller ma vision. «Après tout, là, je t'évite une pneumonie. » Je me tournais vers lui, en fronçant les sourcils, prenant l’air le plus en colère que je pouvais. «Ainsi qu'une probable agression. » Je secouais la tête. « Oh, s’te plait. Arrête de prendre tes grands airs avec moi. Je peux très bien me débrouiller toute seule. Je suis pas une gamine, contrairement à ce que tu penses. » La voiture s’arrêta à un feu. J’essayais d’ouvrir la portière, qui était visiblement verrouillée automatiquement, comme le faisait toutes ces nouvelles voitures. « Ouvre moi, j’ai pas besoin de toi, Shane le grand justicier. Je vais rentrer toute seule. »
Je le fixais de mes grands yeux bleus. Et je n’arrivais pas à savoir si j’avais envie qu’il déverrouille effectivement la portière ou si au contraire, je ne voulais pas qu’il le fasse. J’étais perdue et ça me déplaisait.

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-Titanic

C’était compliqué. Dans ma tête du moins, ça l’était. Je n’arrivais pas à faire la part des choses. Je n’arrivais pas à savoir ce qu’il fallait que je fasse, ce qu’il fallait que je dise. Comment je devais réagir face à Shane ? Comment ?
Tout aurait été plus simple si cette nuit n’avait été qu’une nuit parmi tant d’autres, s’il n’avait été qu’un mec parmi tant d’autre ; mais il était lui et ça semblait foutre en l’air toutes les données de l’équation. Je n’arrivais pas à ne rien ressentir, je n’arrivais pas à être calme, je n’arrivais pas à être neutre. Parce qu’il était là, parce que je le voulais encore et que je savais bien que ça n’arriverait pas. C’était dur à admettre.
Son rire éclata pendant que j’essayais d’ouvrir la portière, je me tournais vers lui. « Hanna, arrête de compliquer toujours les choses. Je te raccompagne, tu dis ‘merci’ et c’est tout. Pas besoin de me jouer les martyrs. » De jouer les martyrs ? « Oh, j’le crois pas ça. C’est ça en fait ? T’as pas pu t’empêcher d’aller fouiner dans ma vie ? Et tu me prends pour une pauvre petite chose fragile qui a besoin de ton aide ? » lâchais-je, énervée. Il avait fouillé dans ma vie, il était allé chercher ce qui n’allait pas chez moi, comme tout le monde le faisait dans ce quartier.
« Je ne joue pas aux justiciers d'habitude, tu sais. C'est juste que je me préoccupe de toi, et je veux pas que des connards te fassent du mal. » Pourquoi il faisait ça ? Hein, pourquoi tu fais ça ? Finalement, j’avais rien demandé moi, pas vrai ? Il avait couché avec moi et il était parti, je ne lui avais rien demandé d’autre, non ? «Après tout, t'es...presqu'une amie, quoi. » Je le fusillais du regard. J’étais une amie ? J’étais une amie ? Il se foutait vraiment de ma gueule. Il essayait vraiment de me foutre en rogne et ça marchait. « Je suis une amie ? Putain, mais… Tu couches avec toutes tes amies ? Je suis ravie de le savoir… » soufflais-je. « En tout cas, tu veux que je te dise ? T’es pas mon ami, j’ai déjà des amis, j’ai pas besoin de toi. C’est quoi ton problème à la fin ? T’as couché avec moi et maintenant, tu veux faire le gentleman en t’occupant de la pauvre Hanna qui a une vie de merde ? Tu veux te donner bonne conscience pour avoir couché avec une fille de 19 ans ? » Voila, j’évoquais pour la première fois, clairement les faits et la situation dans laquelle nous étions. J’aurais voulu que tout se passe bien entre nous, mais c’était impossible ; parce que j’étais toujours attirée par lui et que rien ne pourrait arriver, parce que j’avais dix-neuf ans. Et ça me mettait encore plus en colère.

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Je paraissais serein, mais ce n'était qu'un masque. Mon regard restait certes impénétrable mais les traits de mon visage étaient tendus et j'avais conscience que mes doigts serraient anormalement le volant. Pourtant, je continuais tant bien que mal à essayer de dissimuler mon malaise. En général, je percevais celui des autres, mais ne laissais jamais personne détecter le mien. Je refusais à être en position de faiblesse face à qui que ce soit. Et savoir qu'Hanna avait le don de me mettre dans des états pareils commençait sérieusement à m'énerver. Pourquoi ne pouvait-elle pas être qu'un simple coup d'un soir ? Il y en avait eu d'autres, des jolies filles fragiles avec qui j'avais couché, mais sitôt le soleil levé, je les avais abandonnées dans un coin de ma mémoire, ne me préoccupant plus de leurs vies et me foutant de ce qu'elles deviendraient. Est-ce que cela faisait de moi un salaud ? Et si j'en étais réellement un, pourquoi n'arrivais-je pas à me défaire d'Hanna aussi naturellement ? « Oh, j’le crois pas ça. C’est ça en fait ? T’as pas pu t’empêcher d’aller fouiner dans ma vie ? Et tu me prends pour une pauvre petite chose fragile qui a besoin de ton aide ? » Fouiller dans la vie des gens était mon métier, et déformation professionnelle oblige, je me sentais forcé d'en savoir plus sur les gens que j'étais amené à fréquenter. Ou les gens que je n'arrivais pas à me sortir de la tête. J'avouais cependant volontiers que c'était un défaut et comprenais que cela pouvait rebuter de nombreuses personnes. Même Rosy-Jane ne le supportait pas. Mais j'étais ainsi, et je crois que je ne pouvais désormais plus changer. « Je suis une amie ? Putain, mais… Tu couches avec toutes tes amies ? Je suis ravie de le savoir… En tout cas, tu veux que je te dise ? T’es pas mon ami, j’ai déjà des amis, j’ai pas besoin de toi. C’est quoi ton problème à la fin ? T’as couché avec moi et maintenant, tu veux faire le gentleman en t’occupant de la pauvre Hanna qui a une vie de merde ? Tu veux te donner bonne conscience pour avoir couché avec une fille de 19 ans ? » Ses mots me firent l'effet d'une claque. Au moins, ça avait le mérite d'être clair ; elle avait lâché tout ce qu'elle pensait de la situation. Et peut-être n'avait-elle pas totalement tort. Peut-être qu'en l'aidant de la sorte, je souhaitais me racheter une conduite. Me donner bonne conscience. Mais j'étais persuadé que ce n'était pas la seule raison ; j'avais toujours été du genre à me foutre d'avoir bonne conscience ou non. Il y a encore quelques années, je laissais les filles pleurer après leur avoir fait croire aux étoiles, juste pour posséder leurs corps une heure ou deux. « Je couche avec certaines de mes amies, oui, effectivement. Et il m'arrive même de dîner avec elles ou bien de les accompagner à un rendez-vous important à l'autre bout de la ville quand leur voiture est en panne, ou encore de leur ouvrir ma portière quand je les trouve seules et à moitié saoules en pleine nuit sous la pluie. ça fait de moi un connard ?... Ecoute Hanna...» Une main toujours sur le volant, je posai l'autre sur la cuisse de la jeune fille comme pour appuyer ce que j'allais dire, mais je me rendis une nouvelle fois compte de ma maladresse et retirai ma main une seconde après avoir reçu un électrochoc au contact de sa peau. « Je vais pas te mentir, je m'en veux d'avoir couché avec toi. Et je t'en veux de ne pas m'avoir laissé savoir ton âge... Mais maintenant que nos chemins se sont croisés, va falloir apprendre à agir comme des individus civilisés... Fairview est une petite ville et on va souvent être amenés à se recroiser. » Je marquai une pause, hésitant à poursuivre. J'aurais trente ans à la fin du mois, il était temps que j'agisse comme un homme, c'est pourquoi je trouvai la force de lui demander ; «Alors vas-y, décide ce qui est le mieux pour toi ; on se comporte de façon civilisée et p't-être qu'avec le temps on finira par êtres amis, ou alors on fait comme si rien de cela ne s'était jamais passé. Comme si on ne se connaissait pas. Toutes les personnes qui vivent ici jouent à de drôles petits jeux dans le genre...alors après tout, pourquoi pas nous. »

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-Titanic

Tu sais ce qui se passe dans ma tête, Shane ? Non tu ne sais pas. Comment pourrais-tu le savoir alors que moi-même, je n’arrive pas à faire la part des choses.
Personne ne m’avait prévenu, et je n’avais pas prévu de me retrouver ce soir, dans ta voiture à moitié bourrée et incapable de réagir en adulte. Pourtant, adulte je l’étais ; après tout, ma mère était difficilement apte à s’occuper de moi, alors j’étais devenue indépendante et adulte, je vivais ma vie, j’allais à la fac, j’avais de bonnes notes, je sortais quand je voulais ; ma mère était de toute façon rarement en état de se rendre compte de quoi que ce soit.
Mais ce soir, j’étais incapable d’être raisonnable et d’être adulte, c'est-à-dire, avoir une conversation saine et posée avec Shane. Parce que Shane transformait mon cerveau en une espèce de bouillie, une bouillie genre, soupe. Voila ce que j’étais en présence de Shane : de la soupe. C’était carrément déconcertant pour moi d’être incapable de me contrôler en ça présence, tout ça parce qu’il avait dénié coucher avec moi une seule et unique fois… Je comprenais et me rendais peu à peu compte qu’il regrettait ce qui s’était passé entre nous et mon égo en prenait un sérieux coup.
« Je couche avec certaines de mes amies, oui, effectivement. Et il m'arrive même de dîner avec elles ou bien de les accompagner à un rendez-vous important à l'autre bout de la ville quand leur voiture est en panne, ou encore de leur ouvrir ma portière quand je les trouve seules et à moitié saoules en pleine nuit sous la pluie. ça fait de moi un connard ?... Ecoute Hanna...» Je couche avec certaines de mes amies ? Merde, va te faire foutre Shane Boomer.
L’espace de quelques secondes sa main entra en contact avec ma cuisse. Je restais de glace, je ne bougeais pas et essayais de ne pas regarder sa main posée là. Il l’enleva et un soupire lent m’échappa. « Je vais pas te mentir, je m'en veux d'avoir couché avec toi. Et je t'en veux de ne pas m'avoir laissé savoir ton âge... Mais maintenant que nos chemins se sont croisés, va falloir apprendre à agir comme des individus civilisés... Fairview est une petite ville et on va souvent être amenés à se recroiser. » Le pire dans tout ça, c’était qu’il avait raison, il allait être impossible pour nous de ne pas nous revoir et à chaque fois, j’allais être dans le même état. J’avais qu’à… quitter Fairview, retourner à New-York, où je ne devrais plus jamais subir sa présence.
«Alors vas-y, décide ce qui est le mieux pour toi ; on se comporte de façon civilisée et p't-être qu'avec le temps on finira par êtres amis, ou alors on fait comme si rien de cela ne s'était jamais passé. Comme si on ne se connaissait pas. Toutes les personnes qui vivent ici jouent à de drôles petits jeux dans le genre...alors après tout, pourquoi pas nous. » Je pinçais les lèvres. Qu’est-ce que je voulais ? Aucune de ces deux options. « Laisse tomber. En fait, t’en a rien à foutre de moi. Tu vois, j’ai pas envie d’être ton amie. Alors dépose moi chez moi… et après, on se connait plus. Tu pourras baiser toutes les poufiasses que tu veux et je dirais jamais à personne que le temps d’un soir t’as déconné et couché avec une ado. C’est ça qui te fait peur en fait, pas vrai ? Que quelqu’un sache un jour que le grand Shane à couché avec une fille de 19 ans ? Te fais pas de soucis pour ça. Je dirais rien. T’existe plus pour moi. La seule chose que je te demande c’est de plus jamais fouiller dans ma vie. Et comme ça on sera quitte. » Je détournais la tête, épuisée par ma tirade que j’aurais préférée garder pour moi. Je n’avais pas envie de faire comme s’il n’existait pas, je voulais revivre cette nuit ; mais lui ne voulait rien de tout ça. « Ramène moi, cette fois. S’il te plait. » lachais-je, sans le regarder.

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Plus le temps passait, plus je me sentais mal. La tournure que prenait les choses ne me convenait pas, mais je savais en être le principal responsable, j'étais donc contraint à me taire, et à subir ce qui allait en découler. « Laisse tomber. En fait, t’en a rien à foutre de moi. Tu vois, j’ai pas envie d’être ton amie. Alors dépose moi chez moi… et après, on se connait plus. Tu pourras baiser toutes les poufiasses que tu veux et je dirais jamais à personne que le temps d’un soir t’as déconné et couché avec une ado. C’est ça qui te fait peur en fait, pas vrai ? Que quelqu’un sache un jour que le grand Shane à couché avec une fille de 19 ans ? Te fais pas de soucis pour ça. Je dirais rien. T’existe plus pour moi. La seule chose que je te demande c’est de plus jamais fouiller dans ma vie. Et comme ça on sera quitte. » Cette fois, c'en était trop. Elle n'avait pas à me parler ainsi, même si je reconnaissais être coupable de bien des torts. « J'en ai rien à foutre de toi ? J'ai peur que quelqu'un sache que j'ai couché avec une fille de 19 ans ? Tu crois vraiment ça ? T'es bien loin du compte, tu sais... Hanna, tu ne me connais pas, tu n'as aucune idée de quelles sont mes pensées, de quelles sont mes peurs, alors arrête d'essayer de les deviner. Arrête de faire comme si tu me connaissais, comme si je n'étais que cet horrible connard que tu aimerais tant que je sois. » J'en avais marre que tout le monde ne me voit que comme Shane l'enfoiré de détective. Il fut un temps où j'étais un homme bien. Un temps où j'étais entouré par des gens qui m'aimaient, par une femme en particulier. Si j'étais le bâtard qu'Hanna laissait apercevoir, m'aurait-elle aimé ? Ou alors, était-ce parce que j'avais changé, parce que je n'étais désormais plus le même homme ? « Ramène moi, cette fois. S’il te plait. » Cette fois-ci, je ne cherchais même plus à dissimuler le trouble qui s'était emparé de mon être tout entier. Mon visage était renfermé et triste, mon regard était froid, mes lèvres pincées. « C'est ce que je comptais faire depuis le début, je te rappelle. La seule différence c'est que maintenant, je vais rouler un peu plus vite. » Bon. Je savais bien qu'à la seconde précise, je n'étais pas le mec le plus cool de la Terre. J'étais rentré dans son petit jeu et au lieu de garder mon calme comme un trentenaire posé l'aurait fait, je l'avais laissée me sortir de mes gongs. Je l'avais laissée gagner, en quelques sortes. Alors qu'on s'approchait de la maison de la jeune fille, je me rappelai que la dernière fois que j'avais été dans cet état remontait à presque trois ans. Et que c'était suite à une dispute avec Rosy-Jane. Je jetai un regard furtif vers Hanna, et me fie à l'évidence ; malgré son sale caractère, son jeune âge, et le don qu'elle avait de m'agacer, je ne pouvais pas accepter l'idée de la perdre elle aussi. Je me garai devant chez elle, insistant malgré tout pour l'accompagner jusqu'à la porte de chez elle. Lorsqu'elle l'ouvrit, je pus constater le misérable état de son logement. Bien qu'elle me repoussait, j'en vus assez pour être écoeuré ; de la poudre blanche recouvrait le sol vétuste de son salon qui avait pour unique ameublement un tapis couleur crème qui n'avait jamais du être nettoyé, une petite télé, et un vieux canapé qui semblait déjà exister à l'époque du Moyen-Âge. Et par dessus tout, une femme dormait à poing fermés sur le canapé, recouverte de cocaïne. C'en était trop. Il était hors de question que je fasse comme si de rien était, comme si je n'avais rien vu, et que je laisse Hanna retourner dans cette atmosphère abattante. M'assurant que la femme dormait seulement à cause de ce qu'elle venait de sniffer mais n'était pas en overdose, je pris un ton grave ; « Finalement tu dors à la maison. » Je savais que la jeune fille allait me résister mais l'attrapai par la taille et la basculai sur mon épaule pour la reconduire à ma voiture, ne lui laissant pas d'autre choix.

Haha, oublie-la, t’as plus de chance de te voir sortir des anges du trou de balle que de fréquenter une fille comme ça.
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« J'en ai rien à foutre de toi ? J'ai peur que quelqu'un sache que j'ai couché avec une fille de 19 ans ? Tu crois vraiment ça ? T'es bien loin du compte, tu sais... Hanna, tu ne me connais pas, tu n'as aucune idée de quelles sont mes pensées, de quelles sont mes peurs, alors arrête d'essayer de les deviner. Arrête de faire comme si tu me connaissais, comme si je n'étais que cet horrible connard que tu aimerais tant que je sois. » Je restais silencieuse, le regard fixe sur l’extérieur de la voiture. Je ne voulais plus parler, parce que je savais que je n’arriverai pas à contrôler les mots qui sortiraient de ma bouche.
« C'est ce que je comptais faire depuis le début, je te rappelle. La seule différence c'est que maintenant, je vais rouler un peu plus vite. » Je fermais les yeux, pour voir si ça avait le don de me calmer. En vain, j’étais incapable de retrouver mon calme. J’avais l’impression d’être la victime de cette histoire. D’accord, si je lui avais dit mon âge, on n’aurait même pas couché ensemble, j’avais ma part de responsabilité dans tout ça, mais je ne pouvais pas m’empêcher de me dire que les choses auraient pu être différentes. J’avais l’impression qu’il n’assumait pas ce qu’il y avait eu, si tant est qu’il y ait eu quelque chose… finalement.
Le reste du voyage se fit dans un silence des plus total, seulement interrompu par le bruit du moteur et de la pluie qui s’écrasait contre la carrosserie et les vitres de la voiture. Je me retenais de soupirer en me mordant les lèvres et n’adressais aucun regard à Shane.
Arrivés devant chez moi, il déverrouilla les portes et je sortis, le priant de rester dans la voiture, mais comme à son habitude il n’écouta pas un traitre mot de ce que je disais. J’essayais d’ouvrir la porte le plus doucement possible. J’avais eu pour ambition de me glisser dans la fente et de refermer derrière moi, pour que Shane ne voie pas ce qui se passait à l’intérieur. Mais il ouvrit la porte en grand, en entrant derrière moi. Je restais silencieuse, honteuse.
Je découvris ma mère, comme à son habitude plongée dans ce qui semblait être un sommeil, pour elle. J’essayais de faire en sorte de diminuer l’impression de gravité de la chose, en prenant un air habituel. Shane s’approcha de ma mère pour s’assurer qu’elle allait « bien » et se tourna vers moi. Je fuyais son regard. « Finalement tu dors à la maison. » Quoi ?
Shane m’attrapa avant que je puisse dire quoi que ce soit et me jeta sur son épaule. « Arrête. Lache-moi ! Je dois m’occuper de ma mère. » Il avançait jusqu’à la voiture. « Shane pose moi par terre, merde. » Au lieu de quoi, il m’assit dans la voiture et je le fusillais du regard. Je n’avais pas envie de prolonger cette dispute entre nous, il aurait été plus sage qu’il me laisse chez moi…
Je ne dis pas un mot pendant qu’il conduisait jusqu’à chez lui. En arrivant dans l’entrée de sa maison, je serrais mes bras contre ma poitrine, le peu de temps que j’étais restée dehors avait suffit à me tremper jusqu’aux os. Je restais calme en regardant autour de moi. « Sérieusement, Shane… je peux pas rester. » Je me tournais vers lui. « Si ma mère se réveille et qu’elle voit que je suis pas là, elle va paniquer. » Mensonge, ma mère aurait très bien pu se réveiller, elle n’aurait pas remarqué mon absence. Mais j’avais du mal à suivre le comportement de Shane, il m’engueulait et la seconde d’après, il me ramenait chez lui, c’était incohérent.